Dans le collimateur d’une harceleuse – Quand une amitié se transforme en menace: récit d’une victime de stalking
Le stalking peut complètement déstabiliser une personne. Ce qui commence souvent de manière anodine, par des messages et des cadeaux, peut vite déraper en harcèlement et menaces. La peur constante et la persécution influencent le quotidien et nécessitent un soutien professionnel et des démarches juridiques. Une personne concernée relate le cauchemar du stalking.

Elle était très sympa; du moins au début. Nous nous sommes connus au travail et sommes devenus amis. Je lui ai présenté ma copine, ma famille et mes amis. Nous parlions de nos centres d’intérêts qui étaient largement les mêmes. En tout cas, c’est ce que je pensais au départ, avant de me rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’un hasard, mais que ce n’était qu’une apparence. À un moment donné, c’est devenu lourd et j’ai rompu le contact.
Le harcèlement intensif a commencé une année plus tard. Elle m’envoyait des photos, d’innombrables messages et mails à contenu sexuel. Je retrouvais constamment des cadeaux devant ma porte, certains même commandés sur facture à mon nom. Pour rétablir le contact, elle créait de faux profils sur les réseaux sociaux. Mais je me suis vite aperçu qu’il s’agissait d’elle.
L’escalade
Puis, le vent a tourné. Son comportement n’était plus seulement pénible, mais commençait à me faire peur. Elle menaçait ma famille, se postait devant mon lieu de travail et m’épiait pendant mes loisirs. Elle passait devant la maison et rôdait parfois aux alentours. Un jour, elle a même appelé la police et a lancé une campagne de calomnies contre moi. Elle m’accusait d’être un délinquant. Elle a colporté cette histoire dans mon entourage, allant jusqu’à demander à mon centre de fitness de résilier mon abonnement. Elle déversait sa colère en ligne et essayait de gagner des sympathisants pour sa campagne calomnieuse sur le web. En tant que tireuse sportive, elle possédait une arme. J’avais peur, je me sentais constamment poursuivi et ne supportais plus de rester seul chez moi.
Faire face et gagner en circonspection
Entre temps, j’avais déjà déposé plusieurs plaintes contre elle. Elle avait aussi été frappée d’une interdiction de contact. J’avais le soutien de la police et de services d’entraide spécialisés. Malgré tout, le stalking a continué. Ma situation ne s’est améliorée qu’à partir du moment où, en raison des nombreuses dénonciations, elle a dû recourir à un conseil juridique. Grâce à l’aide cantonale aux victimes, j’ai aussi pu engager une avocate et je n’étais plus confronté à mon harceleuse en personne – la communication passait exclusivement par avocats interposés. Avec le soutien de la police, de l’aide aux victimes et de mon avocate, j’ai pu évacuer une part de mes soucis, mon stress et ma crainte et je n’étais plus seul pour faire face à la situation.
Aujourd’hui, après plusieurs années de stalking, je vais enfin mieux. Même si la situation était très pénible, j’ai appris à m’affirmer et à mettre des limites. J’ai encore de la peine à faire confiance aux personnes dont je fais connaissance, mais je suis reconnaissant pour le soutien de mes proches et des spécialistes qui m’ont aidé sur le plan privé et professionnel et sur qui je peux toujours compter.
Êtes-vous victime de stalking?
Nous vous recommandons les démarches suivantes:
- En cas d’urgence, appelez le 112 (dans toute l’Europe) ou le 117
- Demandez conseil à un service spécialisé, p.ex. le service de conseil en cas de stalking et de violence domestique de la ville de Berne Fachstelle Stalking und Häusliche Gewalt der Stadt Bern ou le Centre LAVI Berne.
- Rompez entièrement le contact avec la personne qui exerce le harcèlement et évitez tout contact avec elle. Faites part de la situation à toutes les personnes de votre entourage, afin qu’elles n’entrent pas en contact avec l’auteur/e.
- N’acceptez aucun cadeau et refusez toute marchandise que vous n’avez pas commandée vous-même.
- Les questions de divorce ou de garde d’enfants ne doivent être réglées que par des médiateurs.
- Conservez tous les messages, courriels, photos et autres preuves. Documentez avec précision et de manière systématique tous les actes de harcèlement.
- Déposez plainte à la police. Même si à l’heure actuelle, le stalking ne constitue pas une infraction spécifique en soi, certains éléments comme les injures (CP art. 177), les menaces (CP art. 180), la calomnie (CP art. 174), la contrainte (CP art. 181) ou la pornographie (CP art. 197) sont effectivement punissables.
- Demandez un avis juridique pour comprendre les étapes nécessaires et obtenir une assistance professionnelle tout au long du processus.
- Protégez-vous aussi dans votre environnement numérique et gardez le contrôle de vos appareils et de vos comptes. La checklist suivante vous y aidera:
- Envisagez de l’aide professionnelle, afin de gérer les aspects émotionnels et psychologiques.
Pour plus d’informations
– Fachstelle Stalking und Häusliche Gewalt der Stadt Bern
– Centre LAVI Berne
– Prévention suisse de la criminalité | Stalking
* Le nom de la victime est connu. Pour des raisons de protection de la personnalité, nous ne fournissons pas d’indications supplémentaires.
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