Pornodivulgation: Quand la toile n’oublie pas

Les téléphones portables font partie de notre quotidien, on prend vite quelque chose en photo ou en vidéo. Et cela finit tout aussi vite dans des tchats ou sur des sites Internet. Parfois cela se produit pour humilier quelqu’un ou par frustration. Il en va de même concernant la pornodivulgation, autrement dit le revenge porn.

© momius / Adobe Stock

«L’affaire m’occupe encore aujourd’hui», remarque mon collègue de la police judiciaire. Il m’expose l’histoire de cette femme de 20 ans, Madame S., victime d’un acte de vengeance nu-mérique.
Lorsque Madame S. fréquentait encore son ami de l’époque, ce dernier a filmé leurs ébats sexuels, sans son accord. Lui n’y est pratiquement pas reconnaissable, mais elle, en revanche l’est très nettement. Une fois leur relation rompue, il a diffusé la vidéo sur plusieurs sites Internet. Madame S. a entamé une procédure contre son ex-ami. «Avec l’aide du ministère public, nous avons essayé de supprimer la vidéo de la toile. Mais, même une dizaine d’années plus tard, une simple recherche sur Internet avec les données de la femme font rapidement ressortir plusieurs résultats sur les sites pornographiques», rapporte l’enquêteur.

Une fois que des photos ou des vidéos intimes circulent sur la toile, il est pratiquement impos-sible de les en effacer complètement. À cela s’ajoute le fait que les relations de Madame S. avec les personnes de son entourage très religieux ont été brisées. «Elle n’a donc pas subi que de la violence sexualisée, mais elle a aussi dû y faire face sans le soutien de ses personnes de con-fiance les plus proches», raconte mon collègue, de manière pensive.

Une forme numérique de violence sexualisée

Ce qui est arrivé à Madame S. s’appelle «revenge porn», ou pornodivulgation. Vexée, la per-sonne qui a été quittée se venge de son ex en diffusant des photos et des vidéos intimes de l’autre personne. Il s’agit d’une forme de violence sexualisée. Celle-ci peut s’exprimer de diffé-rentes manières, par exemple par des paroles équivoques, l’exhibition, exiger des actes sexuels ou le viol. La motivation pour de tels actes relève du pouvoir, du contrôle, de la dépréciation et de l’humiliation.

Dans le quotidien numérique, le fait de partager des contenus privés est devenu une normalité pour certaines personnes. Mais, même lorsque des photos ou des vidéos intimes ont été prises d’un commun accord et/ou partagées conjointement («sexting»), personne n’a le droit de les transmettre à des tierces personnes ou de les diffuser sans l’autorisation de la personne figurant sur les photos ou les vidéos. Cela constitue une violation des droits de la personnalité et peut être poursuivi au plan civil*. Si des personnes mineures sont impliquées (volontairement ou pas), les faits sont, le cas échéant, poursuivis par les autorités de poursuite pénale. Cela s’applique éga-lement lorsque la personne concernée n’a pas porté plainte.

Demandez de l’aide

Les personnes concernées par la violence sexualisée ne sont pas fautives de ce qui leur est arrivé. La responsabilité revient toujours et seulement à la personne qui exerce la violence. Les personnes qui ont subi de la violence sexualisée ne sont pas seules: il existe plusieurs organisations et services spécialisés qui les aideront à assimiler ce qui s’est passé ou les prépareront à une procédure pénale. Nous vous encourageons à vous adresser à la police. Car notre tâche est de clarifier de tels actes. Les personnes concernées sont à cet effet encadrées par des collaboratrices et des collaborateurs formés spécifiquement.

*État février 2023: Le droit pénal en matière sexuelle est actuellement remanié. Dans ce contexte, la diffusion non autorisée de matériel photo est également en discussion.

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